Echographie clinique

Les artéfacts en échographie : les comprendre et les interpréter

L'échographie clinique est un outil diagnostique de plus en plus utilisé dans diverses spécialités médicales pour enrichir l’examen physique. Cependant, la qualité et la précision du diagnostic dépendent en grande partie de la compréhension et de l'interprétation correctes des images échographiques. 
Un artéfact est un effet non-réel, voire parasite, qui peut parfois compliquer le processus diagnostique. Pour cela, il est impératif de savoir distinguer les échos qui ne correspondent pas à une structure anatomique de ceux qui représentent des structures anatomiques réelles. Il est aussi important d’intégrer que, contre toute attente, les artéfacts peuvent être très utiles à l’interprétation des images échographiques. 

Les artéfacts peuvent avoir des origines diverses : ils peuvent être liés aux phénomènes physiques des ultrasons, au type d’échographe que vous utilisez, à un éventuel dysfonctionnement de votre appareil ou à l’environnement. 

Cet article a pour objectif de fournir une compréhension basique de quelques types d'artéfacts courants en imagerie ultrasonore. À travers une liste non exhaustive, il explore leur définition et examine leur impact sur l'imagerie diagnostique liée au phénomène physique des ultrasons.

Le cône d’ombre postérieur, pur ou impur

Le cône d'ombre postérieur se produit lorsque les ultrasons rencontrent une structure qui bloque ou absorbe leur propagation, créant ainsi une zone d'ombre derrière cette structure. Le cône d'ombre postérieur peut être classé en deux catégories : pur et impur.

Un cône d'ombre postérieur pur (homogène) se produit lorsque les ultrasons sont complètement bloqués ou absorbés par la structure, ce qui entraîne une absence totale d'écho dans la zone située derrière. Cet artéfact est souvent observé derrière des structures calcifiées, telles que des calculs biliaires, rénaux ou vésicaux, et peut aider à confirmer leur présence.

D'autre part, un cône d'ombre postérieur impur (hétérogène) se produit lorsque les ultrasons sont partiellement bloqués ou absorbés par la structure, ce qui entraîne une réduction partielle des échos dans la zone située derrière. Cet artéfact peut être observé derrière des structures telles que des tissus fibreux ou les interfaces aériques comme le poumon ou les gaz intestinaux.

Le renforcement postérieur

Le renforcement postérieur se produit lorsque les ultrasons traversent une structure qui conduit bien le son, telle qu'une structure liquidienne ou un kyste, et continuent de se propager en ligne droite, entraînant une augmentation de l'amplitude des échos postérieurs à la structure. Cet artéfact est également connu sous le nom d'amélioration acoustique ou d'augmentation de la transmission.

Le renforcement postérieur est souvent observé derrière des structures remplies de liquide et peut aider à confirmer leur présence. Cependant, il peut également être observé derrière des structures solides, telles que des tumeurs bénignes ou des ganglions lymphatiques, ce qui peut compliquer l'imagerie diagnostique.

Il est important de noter que le renforcement postérieur peut également être observé en présence d'autres artéfacts, tels que des réverbérations ou des réflexions parasites.

Réflexions parasites 

Les réflexions parasites se produisent lorsque les ultrasons sont réfléchis par une structure qui n'est pas dans le plan d'imagerie, créant ainsi des images fantômes qui peuvent être confondues avec de vraies structures. Cet artéfact est également connu sous le nom d'échos fantômes ou d'échos multiples.

Les réflexions parasites peuvent être causées par des interfaces fortement réfléchissantes, telles que des calculs ou des interfaces aériques, ou par des structures en mouvement, telles que le flux sanguin. Ces réflexions multiples peuvent créer des images fantômes qui apparaissent à des profondeurs différentes de la structure réelle, ce qui peut compliquer l'imagerie diagnostique.

1. L'artefact de réverbération 

L'artéfact de réverbération se produit lorsque les ultrasons sont réfléchis plusieurs fois entre deux interfaces fortement réfléchissantes, créant ainsi une série d'échos équidistants derrière la structure réfléchissante. 

Les lignes A observées lors de l'imagerie pulmonaire, où les ultrasons sont réfléchis par la ligne pleurale, en sont un exemple.

2. L'artefact en queue de comète 

Il s'agit d'une forme spécifique d'artefacts de réverbération. Ces artefacts se manifestent sous forme de petites déviations triangulaires orientées vers le bas, souvent associées à des structures telles que la ligne pleurale, des objets métalliques comme les fils-guides, et des remplacements de valves. Contrairement aux échos artéfactiels de résonance, ou "ring down" (ex. les lignes B pulmonaires), qui persistent avec la profondeur, ces artefacts de réverbération s'estompent. Les lignes B sont indicatifs d'un œdème pulmonaire, d'une inflammation ou d'une fibrose, soulignant leur importance clinique dans l'évaluation de conditions pulmonaires.

Pour réduire les réflexions parasites, il est important d'optimiser les paramètres d'imagerie, tels que la profondeur, le gain et la fréquence.

3. Les images en miroir

L'image en miroir se produit lorsque les ultrasons sont réfléchis par une interface fortement réfléchissante, créant ainsi une image dupliquée de l'autre côté de l'interface. Cet artéfact peut ressembler à une structure réelle, mais est en fait une réplique de la structure située de l'autre côté de l'interface réfléchissante.

4. Le cône d'ombre de bord

Le cône d'ombre de bord se produit lorsque les ultrasons contournent une structure, créant ainsi une zone d'ombre derrière la structure. Cet artéfact est souvent observé lors de l'imagerie de structures convexes, telles que les follicules ovariens ou les kystes thyroïdiens. Le cône d'ombre de bord peut aider à identifier la forme et les contours d'une structure, mais peut également compliquer l'imagerie diagnostique en masquant les structures situées derrière la structure convexe. 

Le cône d'ombre de bord peut être réduit en ajustant l'angle d'incidence des ultrasons.

5. L'anisotropie

L'anisotropie se produit lorsque les ultrasons traversent une structure qui a des propriétés acoustiques différentes selon les directions. Cela peut entraîner une variation de l'intensité de l'écho en fonction de l'angle d'incidence des ultrasons, créant ainsi une image échographique inexacte de la structure.

L'anisotropie est souvent observée dans l'imagerie des tendons et des muscles, où les fibres ont une orientation préférentielle. Lorsque les ultrasons traversent ces fibres à un angle oblique, cela peut entraîner une réduction de l'intensité de l'écho et donner l'impression que la structure est plus fine ou plus irrégulière qu'elle ne l'est en réalité. 

Pour réduire l'anisotropie, il est important d'optimiser l'angle d'incidence des ultrasons.

Conclusion

Comprendre et interpréter correctement les artéfacts en échographie est crucial pour un diagnostic précis. Bien que ces artéfacts puissent parfois compliquer l'imagerie diagnostique, ils peuvent également fournir des informations utiles sur les propriétés des tissus et les conditions pathologiques. En étant conscient de ces artéfacts et de leur impact sur les images échographiques, vous pourrez considérablement améliorer votre précision diagnostique et orienter plus efficacement vos patients.

José Fernandez, MD, PhD
José Fernandez, MD, PhD
Medical Lead